Le 21 août marque un triste anniversaire dans l’histoire slovaque et tchèque. Il y a 57 ans, dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les armées de cinq pays du Pacte de Varsovie – l’Union soviétique, la Bulgarie, la Hongrie, la République démocratique allemande et la Pologne – franchissaient la frontière tchécoslovaque pour mettre brutalement fin au « Printemps de Prague » et à son processus de réformes démocratiques.
Cette intervention militaire, la plus massive en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, mobilisa environ un demi-million de soldats, plus de 6 000 chars, 2 000 pièces d’artillerie et 800 avions, sous le commandement du général soviétique Ivan Pavlovski. L’opération, baptisée Danube, coûta rapidement la vie à des civils : à Bratislava, Danka Košanová, âgée de 15 ans, fut tuée par balle devant l’Université Comenius, tandis que Peter Legner, âgé de 16 ans, succomba à ses blessures près de la poste centrale.
Au total, l’invasion fit 37 victimes en Slovaquie. Jusqu’au départ définitif de l’armée soviétique en 1991, plus de 400 personnes perdirent la vie en lien direct avec la présence des troupes d’occupation. Les principaux dirigeants réformistes, dont Alexander Dubček, furent déportés à Moscou pour y signer le Protocole de Moscou, qui légalisait la présence soviétique en Tchécoslovaquie.
Dès 1969, l’arrivée au pouvoir de Gustáv Husák marqua le début de la « normalisation », une période de répression politique et de retour à l’orthodoxie communiste. Les troupes bulgares, hongroises, est-allemandes et polonaises se retirèrent dès l’automne 1968, mais l’armée soviétique maintint plus de 70 000 hommes sur le sol tchécoslovaque jusqu’en juin 1991.
Le retrait complet s’acheva officiellement le 25 juin 1991, avec la signature d’un protocole final. En 2020, le Parlement slovaque a inscrit le 21 août au calendrier des journées commémoratives comme Journée des victimes de l’occupation de la Tchécoslovaquie, aux côtés du 21 juin, date du départ des dernières troupes soviétiques.