Le 25 mars 1988, a eu lieu à Bratislava sur la place Hviezdoslav un grand rassemblement connu aussi sous le nom de « Vendredi saint à Bratislava ». Cette manifestation des citoyens est entrée dans l'histoire sous l'appellation « Manifestation des bougies » et est devenue le signe précurseur de la Révolution de velours en novembre 1989. Des milliers de citoyens se sont rassemblés, bougie à la main, ils ont exprimé leur opinion sur la violation des droits de l'homme et en particulier des droits religieux en Tchécoslovaquie à cette époque. La manifestation de 1988 est devenue le plus grand rassemblement public contre le régime communiste dans la Tchécoslovaquie de l'époque, depuis 1968.
L'idée d'organiser une manifestation est née dans l'environnement des exilés politique slovaque. Son initiateur était Marián Šťastný, vice-président du Congrès mondial des Slovaques, qui a également invité d'autres membres de la dissidence catholique en Slovaquie à se joindre à l'événement. Les militants de l'église secrète ont adopté l'idée et ont préparé une manifestation à Bratislava. Ses principaux organisateurs étaient František Mikloško, Ján Čarnogurský, Silvester Krčméry, Vladimír Jukl et Rudolf Fiby.
À l'ordre du jour de ce rassemblement public de grande envergure figurait une manifestation silencieuse des citoyens réclamant la nomination d'évêques catholiques, la pleine liberté religieuse et le plein respect des droits civils. Les représentants du régime communiste ont considéréla manifestation être une provocation contre le régime de l'état et ont mobilisé tous les moyens en leur possession pour intimider et décourager la population d'y prendre part. Ce déploiement de forces et moyens matériels n'a en rien empêché les citoyens de se mobiliser, manifester leur détermination et se rassembler en masse. En dépit de toutes les mesures prises et interdictions annoncées, les forces de police déployées à l'initiative du parti des autorités de l'État de l'époque, la manifestation s'est déroulée.
L'hôtel Carlton sur la place Hviezdoslav avait fermé ses portes ce jour-là. Mais toutefois c'est depuis celui-ci réquisitionné qu'une commission de membres du parti et du gouvernement a suivi le cours des événements et a dirigé les forces de sécurité du régime contre les croyants prenant part à la manifestation et leurs partisans. Le déploiement de véhicules blindés autour de la ville, les restrictions imposées aux transports en commun urbains et suburbains et autres mesures prises à cette époque n'ont pas fait obstacle à la manifestation des bougies.
Des milliers de personnes, malgré le mauvais temps sévissant, ont envahi la place Hviezdoslav et les rues adjacentes. Après avoir chanté l'hymne de l'État et celui de la papauté, les manifestants sont entrés en prières publiques. Sur place les manifestants ont refusé et rejetté l'appel des forces de la police leur enjoignant de mettre un terme à la manifestation. Quelques minutes avant la fin pré déterminée du rassemblement les forces de sécurité sont intervenues avec des canons à eau. La police a utilisé des gaz lacrymogènes, les chiens, les matraques et commis des violences physiques sur des personnes, y compris sur celles qui se sont trouvées là par hasard ou qui ne faisait que passer sur la place. Par cette intervention brutale, il ne s'agissait plus de faire régner et de protéger l'ordre public, mais de démontrer l'autorité du régime communiste. Son but était d'intimider les groupes de membres de l'opposition en désaccord avec les pratiques d'un système totalitaire dépourvu de toute notion démocratique.
La manifestation des bougies est l'un des événements de l'histoire slovaque connu en tant que marqueur de la lutte pour que s'instaure la démocratie au sein de la société slovaque. L'importance de cette manifestation des citoyens contre le régime totalitaire s'est également reflétée dans le journalisme de l'époque. Trois mois après la manifestation, le livre Vendredi saint à Bratislava a été publié en Autriche sous à l'initiatived'Alice Frühwald avec pour sous-titre Collection de documents authentiques sur le rassemblement des croyants le 25 mars.
Depuis 1993, le 25 mars, est en Slovaquie Journée de la lutte pour les droits de l'homme et Journée commémorative en République slovaque.