La rencontre entre le Premier ministre slovaque Robert Fico et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, organisée vendredi à Oujgorod, a pris fin après plusieurs heures de discussions. Cette rencontre, la première de cette ampleur depuis le retour de Robert Fico à la tête du gouvernement slovaque en 2023, était particulièrement attendue en raison des positions parfois divergentes des deux pays sur la guerre en Ukraine. Zelensky a qualifié les pourparlers d’« utiles », soulignant qu’il s’agissait d’un pas important vers une meilleure compréhension mutuelle.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre, le président ukrainien a estimé qu’il serait « juste » que la Slovaquie rejoigne le nouveau système de sécurité européen actuellement en discussion. Il faisait référence aux garanties de sécurité promises à Kiev par la « coalition des volontaires », un groupe de pays qui envisage d’accorder à l’Ukraine un soutien durable une fois la paix conclue. Selon Zelensky, l’implication de la Slovaquie dans ce dispositif serait non seulement bénéfique pour Kiev, mais aussi pour la stabilité régionale.
Le président ukrainien a également abordé la question énergétique, affirmant que le gaz et le pétrole russes « n’ont aucun avenir ». Rappelant la ligne adoptée par les États-Unis vis-à-vis des importations d’énergie russe, il a insisté sur la nécessité pour l’Europe de diversifier ses sources. Dans ce contexte, il a affirmé que l’Ukraine souhaitait contribuer activement à garantir la stabilité énergétique de la Slovaquie et de ses autres partenaires européens, en particulier à un moment où les dépendances aux ressources russes restent un sujet de préoccupation stratégique.
De son côté, le Premier ministre Robert Fico a affiché un ton conciliant et a exprimé son souhait de bâtir avec l’Ukraine des relations de bon voisinage, amicales et « de grande qualité ». À l’adresse de son voisin oriental, il a souhaité une paix « juste et équitable » ainsi qu’une « très bonne » perspective européenne, se disant convaincu que l’avenir de l’Ukraine se joue dans le cadre de l’Union européenne. Il a aussi exprimé l’espoir que le président ukrainien puisse trouver rapidement une solution concernant les garanties de sécurité que réclame son pays.
Robert Fico a néanmoins tenu à rappeler les limites de son pays : « En tant que petit État, la République slovaque ne peut pas jouer un rôle décisif dans ce processus. Mais nous soutenons toutes les initiatives qui mènent à une trêve et qui rapprochent de la paix », a-t-il déclaré. Le chef du gouvernement slovaque a insisté sur l’importance du respect mutuel entre partenaires, exprimant le souhait que, tout comme il écoute et respecte les arguments de Zelensky, ce dernier fasse preuve de la même ouverture à l’égard des positions slovaques.
Cette rencontre, marquée par un mélange de réalisme politique et de volonté affichée de coopération, pourrait ouvrir une nouvelle phase dans les relations slovaco-ukrainiennes. Elle intervient à un moment charnière, alors que Kiev cherche à renforcer son réseau de soutiens européens et que Bratislava s’efforce de concilier son appartenance à l’Union européenne et à l’OTAN avec une opinion publique parfois sceptique face à l’aide à l’Ukraine.
